Avertissement
Ce blog sur La Défense n'est pas un rapport d'activité. Il fait partie d'un vaste ensemble de pièces de puzzle que je rassemble pour décrire ma vie professionnelle et personnelle et constituer mes mémoires. Certains sites sont accessibles au public comme ici et les autres sont privés.

Mes 10 ans de communication à l'Epad

Comment je suis devenu Conseil en communication du D-G

C'est en septembre 1987 que Gérard de Senneville m'a téléphoné pour m'annoncer la nouvelle. Il allait être nommé au poste de Directeur Général de l'EPAD, un organisme public chargé de l'aménagement du quartier de La Défense. Architecte urbaniste, je me suis spécialisé depuis 1974 dans la communication institutionnelle. Cela fait déjà longtemps que nous travaillions ensemble sur divers projets comme La Mission des villes du Massif central ou La mission interministérielle Urba 2000 et nous étions devenus amis. Il devint effectivement DG du 19 décembre 1987 au 1er juin 1990.

Inauguration du Point Défense Info en 1991, avec au centre Françoise Launier
responsable du Service communication, debout à gauche moi-même, Patrick Demeyer
et accroupi au centre Michel Hennuyer, architecte et archiviste de l'Epad

J'avais acheté en 1974 un atelier au "Centre artisanal de La Défense" dans la zone B, à savoir, le quartier du Parc de Nanterre et je me suis ensuite installé en 1980 dans un appartement au Central Parc du côté du RER Nanterre préfecture. Cet immeuble avait été réalisé par Jacques Kalisz, un de mes enseignants en architecture. J'avais été élu de 1983 à 1989 à la mairie "de désunion de la gauche" et les deux quartiers de La Défense, je les connaissais bien car j'y vivais et j'y travaillais. Architecte et conseil en communication institutionnelle, je voyais ces deux quartiers sous tous les aspects.

Et justement, Gérard m'a demandé de visiter ensemble toute La Défense pour que je lui fasse connaître son nouveau domaine d'intervention. Il avait comme mission de fermer l'établissement public, créé en 1958 pour trente ans et devenu sans objet. Et 1988, c'était dans quelques mois. De ces visites détaillées, de nombreuses conclusions ont été tirées et une stratégie a commencé à se dessiner. Je résume ici ma contribution à la communication de l'EPAD qui est peu connue ou oubliée. Il ne s'agit donc pas d'un historique de toute les actions de communication de l'Epad.


Réhabiliter "l'organisme qui n'existait pas"

Christian Pellerin
Tout d'abord, l'organisme qu'il allait diriger avaient des employés démobilisés car l'EPAD allait disparaître. 

Ensuite, l'EPAD n'existait pas, gommé par les actions de communication efficaces du promoteur Christian Pellerin qui se résumait en une formule : "La Défense c'est moi. L'Epad? Connait pas."

Cet organisme n'avait pas de réelle existence auprès du public qui le connaissait plutôt comme une assemblée de techniciens sans âme. Pas de logo non plus. 

Enfin, ce quartier d'affaires (et d'habitations) était mal connu du grand public ou n'avait pas une très bonne réputation. Il y avait beaucoup de points de confort et d'usage à améliorer. Il fallait corriger tout cela.

Mes autres publications sur La Défense



Les actions de communication


Un avenir avec de nouveaux projets dont
le prolongement de
La Défense sur Nanterre


Donc, il fallait redonner un avenir à l'Epad et à ses employés en montrant que de nombreuses actions restaient à réaliser, ce qui fut fait avec l'achèvement de la dalle, la création de nouveaux quartiers etc. Il y a eu surtout (une bonne surprise) le prolongement de l'Axe sur Nanterre vers la Seine que G. de Senneville a initié. Et je pense avoir contribué à cette décision.

Début des travaux en 1992
Lors de nos visites, j'avais montré à de Senneville le chaos que l'on voyait derrière l'Arche vers Nanterre et que l'état refusait de voir. Un capharnaüm avec des terrains encombrés de voies de chemin de fer, de deux cimetière et de tronçons d'autoroute surélevés abandonnés. Nanterre était le dépotoir urbain du quartier d'affaires. Mais aussi un territoire au potentiel énorme par sa proximité avec lui.

Les difficultés aussi étaient énormes à cause du terrain, certes, mais aussi par l'opposition systématique de la mairie communiste de Nanterre qu'il a fallu lever. 

Nous en avons souvent discuté avec Gérard. C'est un projet que j'ai longtemps porté. Et il semble qu'il ait tenu compte de mes suggestions. J'avais prophétisé cette extension dans la dernière phrase de la plaquette "30 ans 30 événements" en 1988. J'écrivais: "Un avenir maintenant situé de l'autre côté de l'Arche. Pour plus tard. Peut-être". Cette page ne figurait plus dans les éditions de Histoire et histoires qui ont suivi car cette prophétie s'est réalisée.

Genèse du projet d'extension

M. Sapin et F. Hollande
Début 1989, j'avais organisé chez moi un dîner de rencontre entre Gérard de Senneville, deux administrateurs civils issus de l'ENA et Michel Sapin nouveau député des Hauts de Seine élu à Nanterre. Nous avons abordé ce sujet de la poursuite de la Défense vers la Seine. Élu rocardien comme moi à la mairie de Nanterre et devenu ami, Michel aussi était au fait des problèmes urbains de la ville. Intime de François Hollande, puis ministre sous sa présidence, les choses ont vite avancé au-delà de ce que j'avais imaginé.

En effet, le 1er aout 1990, l’État a chargé l'EPAD de mettre en œuvre le programme Seine-Arche constitué surtout de logements et d'espaces verts (voir ici). Pour ce faire, la mission de l'EPAD a été prolongée de 1992 à 2007. C'est le ministre de l'équipement, Michel Delebarre, un ami personnel de Gérard de Senneville, qui l'a annoncé. Mais ce n'est pas de Senneville qui mettra en œuvre ce programme car il a démissionné en 1990.

L'axe a été poursuivi sur Nanterre de la Grande Arche jusqu'à la Seine (Photo 2020) Cliquez pour zoomer

Dans "Histoire et histoires" de 1991, je parlais de "Juste réhabilitation" de Nanterre. Une victoire. Voici un extrait sans équivoque:

Maintenant, le projet est devenu réalité

« En fait, au cours des décennies, Nanterre n'a pas eu les meilleures parts de ce grand gâteau qu'est devenue La Défense. En simplifiant : à Puteaux et à Courbevoie les bureaux qui rapportent beaucoup de taxe professionnelle et les monuments de prestige, et à Nanterre les voiries qui cisaillent son territoire, les cités HLM qui relogèrent les expulsés des bidonvilles et des administrations qui ne rapportent rien. La commune était devenue -il faut bien l'avouer- l'arrière-cour du quartier d'affaires, une arrière-cour qu'il fallait maintenant remettre en état. La mise en valeur de Nanterre n'était même que justice...».

 


Faire connaître le travail accompli par l'Epad (Fêtes du Trentenaire)

30 ans 30 événements. Cette page annonce
la prolongation de l'Epad jusqu'en 1992



Il fallait aussi mettre en valeur tout le travail accompli par l'Epad avant sa création et pendant ses trente années d'existence mouvementée. Gérard a décidé ainsi de mettre en œuvre les Fêtes du Trentenaire qui furent inaugurées en septembre 1988. En particulier, une exposition "30 ans en 100 maquettes" organisée par le service archive a permis de montrer une partie des projets réalisés ou avortés.

Une plaquette a retracé l'Histoire de La Défense au travers de 30 dates essentielles. Ce fut la publication de "30 ans 30 événements" qui valorisait le travail de l'Epad et que j'ai rédigé pendant l'été 1988 à la demande du directeur. (Voir ici). 

Cette plaquette de 70 pages a été rééditée plusieurs fois (250.000 exemplaires) sous le nom de "Histoire et histoires". Elle sert toujours de référence, et se trouve dans des bibliothèques prestigieuses comme celle de l'Harvard University.

Mais cette publication n'est pas référencée à la Bibliothèque Nationale car le dépôt légal n'a pas été fait. Le Guide de l'Architecture n'a pas d'ISBN non plus d'ailleurs. (Merci Hervé B...)

La première exposition dans la Grande Arche fut celle de l'Epad

Une exposition qui présentait la Défense et le travail de l'Epad a été organisée en 1989 dans le socle de La Grande Arche à peine finie. Il n'y avait pas de lieu plus prestigieux pour cette exposition. 

Le socle est un lieu sans fenêtre. J'ai décidé de jouer sur cette pénombre. Nous avons réalisé une présentation originale avec des "kakémonos" blancs qui étaient suspendus du haut plafond sans toucher le sol. Une grande photo étaient éclairée par une dalle de parquet remplacée par un panneau lumineux fabriqué spécialement avec un texte explicatif. Des audiovisuels et des maquettes complétaient cette présentation. Cette exposition est restée longtemps dans le socle avant que l’État ne lui trouve une autre destination.

L'exposition Epad dans le socle de l'Arche est la 1ère que j'ai conçue



Donner une identité à l'Epad et tout signer par un logo


Logo créé à l'occasion des 30 ans de La Défense

Aussi étrange que cela puisse paraître, l'Epad ne signait rien et n'apparaissait que très peu. Il fut décidé de créer un logo. Il allait figurer sur les pancartes de tous les chantiers, sur toutes les publications, lors de toutes les actions de communication. 

Dans la grande salle de réunion de l'Epad dans la tour Fiat, G. de Seneville avait réuni une quarantaine de cadres pour examiner les trois propositions du bureau de design Carré Noir. Après divers avis, le directeur se tourna vers moi et me demanda : "Et toi Patrick, qu'en penses-tu?". 

J'ai préconisé un logo semi-figuratif  qui pouvait être immédiatement reconnu. Il regroupait les symboles de La Défense, à savoir, l'Arche, le CNIT, deux gratte-ciel, avec un trait dynamique pour symboliser le Grand axe et tricolore pour marquer le rôle de l'Etat. Il a été choisi.

Ensuite, ce logo a été enfermé dans un carré noir, puis le carré a été légèrement incliné, puis il a été remplacé par d'autres... plus abstraits.


Donner une âme et une histoire au quartier

Les habitants des grandes tours ignoraient tout de l'histoire du quartier d'affaires et pas grand chose ne les distinguaient des immeubles collectifs anonymes des autres banlieues. Aussi, l'un des rôles des fêtes du trentenaire était d'inscrire La Défense dans l'histoire du grand axe créé en 1606, et progressivement réalisé du Louvre jusqu'à leur quartier. 

La plaquette 30 ans 30 évènements a été distribuée à chaque famille dans ce but. Plus tard, en 1994, j'ai conçu et mis en œuvre un Musée de La Défense pour mettre en valeur ce travail et cette histoire avec l'aide du service archives et ses maquettes. En particulier, Michel Hennuyer m'a aidé à mettre en scène cette exposition.

Le Musée de la Défense en 2013

Un Point Info pour s'y retrouver et faire des expositions

Un Point Info Défense existait mais, trop discret, il fut renforcé à ma demande sur la dalle pour renseigner les visiteurs. Beaucoup de gens étaient perdus dans ce dédale de tours. "Où se trouve Horizon 80? Et les distributeurs de billets?" etc. 

L'espace Info Défense était aussi un lieu d'expositions

Renseigner, et aussi valoriser. Peu à peu cet espace devint important car c'est un véritable lieu d'exposition qui fut créé sur la dalle, près du Bassin Agam. Un demi-cylindre en toile d'une quarantaine de mètres qui a abrité plusieurs expositions. Agam n'était pas très content car elle gâchait la vision de son bassin. Il faut bien avouer que cette structure provisoire n'était pas très belle... Elle fut remplacée plus tard par un bâtiment en dur.


Une première exposition sur les œuvres d'art

En particulier, j'ai créé une exposition sur les œuvres d'art mal connues du public. 

Chacune des 60 œuvres était présentée par une grande photo et un texte explicatif en une longue enfilade de panneaux noirs. Un gigantesque plan du quartier avec un tableau presse-bouton permettait de situer chaque œuvre avec un descriptif. Ce plan détaillé avait demandé un gros travail à mon équipe des Ateliers Média. Ce plan avait également servi pour une exposition sur l'architecture et les quatre générations d'immeubles. Une plaquette avait été créée par Noëlle Avele qui travaillait sur ce domaine à l'Epad.

J'avais également conçu un programme informatique pour un moniteur géant d'ordinateur (pour l'époque). Un écran tactile (tout nouveau en 1992) permettait de connaître le chemin d'accès depuis le Point Info vers une œuvre et le temps de parcours. De nombreuses maquettes d'œuvres d'art complétaient cette exposition mise en œuvre avec le service archives.


Une signalétique nécessaire dans ce dédale

S'y retrouver ! La Défense était le cauchemar des taxis et des visiteurs. Certains taxis ne savaient comment déposer un client à une tour précise et certains refusaient même des courses vers le quartier d'affaires. Devant ce constat, une signalétique fut mise en place pour s'y retrouver dans le dédale des tours et des souterrains.

Une borne SITU (photo) fut également testée sur la dalle. C'était l'ancêtre de Google Maps alors que l'internet n'existait pas encore. 

Plus tard, un Guide pratique fut publié donnant tous les renseignements pour accéder partout et tout trouver. Il a fallu faire un inventaire exhaustif et chercher tous les chemins d'accès aux parkings et ensuite aux tours, ce qui fut un travail de longue haleine que je fis avec mon équipe des Ateliers Média.


On arrive à La Défense dans la pénombre et le glauque


La salle d'échanges actuelle

C'est ce que je fis constater à de Senneville lors de nos visites. 

En résumé, on arrive par le RER ou la SNCF dans une vaste salle d'échange sinistre, obscure faute d'un bon éclairage et sans âme. 

Une vaste opération de réhabilitation de ce hall fut entreprise avec difficultés à cause des lourdeurs des organismes de transports publics et de toutes leurs contraintes. Mais peu à peu, l'éclairage fut transformé en particulier en peignant le plafond gris béton en blanc et avec un éclairage par réverbération. Et des boutiques animèrent le lieu.

Fresque de Serge Klasen
On arrive aussi en voiture. Les parkings étaient mal indiqués, sombres et anxiogènes. Les entrées étaient difficiles à trouver et ensuite la voiture aussi était parfois perdue. Les services de l'Epad allaient régulièrement au secours de personnes à la recherche de leur véhicule. Ces entrées étaient peu dignes d'un quartier d'affaires de niveau international. Aussi, une meilleure signalétique, un meilleur éclairage, des décorations furent mises en œuvre. 

Le parking central eut même les honneurs de devenir entièrement une œuvre d'art grâce aux fresques et peintures au sol de Serge Klasen.

La future gare du RER E (Eole - 2023) sera particulièrement bien éclairée. Voir ici


Maquette de l'éclairage de la gare Éole (2023)


Faire découvrir les cathédrales englouties

Sous l'immense dalle piétonne de La Défense, il existe des espaces gigantesques, inconnus, interdits au public ou insolites. Toute une vie secrète s'y organise, trésors oubliés, nouveaux troglodytes, détournements d'usage... 

En tant que conseil en communication du directeur général de l'EPAD, j'ai eu la chance d'avoir eu connaissance de ces lieux et le privilège d'être le premier explorateur autorisé à découvrir tout ces espaces mystérieux de La Défense. J'ai décrit ces lieux insolites, interdits ou inconnus dans la Revue Autrement (voir). Gérard de Senneville a été intéressé par ces lieux inconnus et il a fait organiser des visites Portes ouvertes lors des Journées du patrimoine.


Aujourd'hui, les successeurs de l'Epad sont en train de récupérer ces espaces perdus qui ne le seront plus. En effet, "Paris La Défense" va transformer ces lieux comme ici.


Devenir un quartier touristique pour faire connaître La Défense


Avec ses nouvelles tours et la Grande Arche, avec les sculptures monumentales, le nouveau CNIT et de nombreuses manifestations artistiques, avec le Point infos et ses expositions, avec le Musée, le quartier d'affaires est devenu une étape incontournable des visites à Paris. 

De nombreux Tours opérateurs avaient inscrit la Défense dans leurs circuits. Et c'est ainsi que le quartier a accueilli en moyenne plus de deux millions de visiteurs chaque année participant ainsi à sa renommée mondiale.

En conclusion

Gérard de Senneville
Telle fut ma contribution de 1987 à 1998.

Peu de gens à l'EPAD connaissent mon travail car il était fait dans le bureau du Directeur. 

Après le départ d'Andrée Lebrat, c'est Françoise Launier qui fut nommée directrice de la communication. Ce choix fut amèrement ressenti par Hervé Bonnat qui pensait que ce poste lui revenait. Nos relations n'en furent pas beaucoup facilitées.

J'ai aussi aidé à moderniser cet organisme en le faisant équiper de ses premiers ordinateurs en 1988. Des Macintosh Apple, au grand dam du service informatique balbutiant qui a commandé ensuite des PC IBM.

Et j'ai aidé à constituer une photothèque et à retrouver des photos et diapositives d'archives. J'ai posé cette question pour illustrer Histoire et histoires à Andrée Lebrat. Elle m'a ouvert une armoire fermée à double tour où s'entassaient en désordre dans le fond des pochettes plastique avec des diapositives. Depuis, les choses ont bien changé.

Ce fut un travail passionnant pour moi, un travail d'analyse, d'impulsion, de création et de réalisations avec la collaboration du personnel de l'Epad.

Un travail considérable a été fait par Gérard de Senneville en trente mois seulement (jusqu'au clash avec le maire de Puteaux...). Il a relancé l'Epad avec de nouveaux projets majeurs dont la poursuite de l'axe vers la Seine et l'établissement existe toujours aujourd'hui en 2021, 30 ans plus tard.

Après son départ, j'ai continuer à travailler avec le Service communication dans le même esprit, grâce à Françoise Launier sa directrice et avec la complicité de Michel Hennuyer (devenu maître d’œuvre du service communication).

Le nouveau logo 2020

 




Le Musée de la Défense et de l'Axe historique


Le Musée de La Défense (1994-2013)

Merci à cette femme ! 

Elle a raconté sa visite au Musée de La Défense en 2013, juste avant qu'il soit remis en caisse par décision de De Facto, le successeur de l'Epad. En effet, j'ai réalisé ce lieu d'histoire avec le service des archives de l'Epad m'a commandé en 1994. Je n'avais conservé aucun souvenir de ce travail. De plus, ses photos sont de très bonne qualité. 

Je me suis permis de recopier son site car hélas, bien souvent, les blogs ont une vie éphémère et disparaissent un jour... Donc, encore merci Louise et son site Going Out. 

En complément, une brochure de 72 pages était distribuée gratuitement. Elle s'intitulait "Histoire et histoires" et retraçait la naissance et la constitution de l'Axe Royal et du quartier de La Défense (voir ici)


Patrick Demeyer
Février 2021



Un petit tour par la Défense

(Par Louise de Going Out)

S’il y a quelque chose que j’aime bien quand je me lance dans une grande promenade, c’est tomber par hasard sur une jolie ruelle, une boutique incongrue ou un lieu culturel méconnu. Voilà comment, au tout début de ma balade avec mon amoureux,  qui devait nous emmener de la Défense à l’Hôtel de Ville (c’est simple, c’est toujours tout droit !), nous avons été piqués de curiosité en passant à côté du Musée de la Défense. Et comme il est gratuit, nous y sommes entrés de bon cœur !

Au premier abord, on se demande ce qu’il peut bien y avoir à voir dans ce musée. Et bien, au travers de panneaux explicatifs, de photographies et de maquettes, il retrace l’histoire du quartier de la Défense. Qui n’était avant 1900, que le prolongement de l’Axe Historique de Paris (Palais du Louvre – Place de la Concorde – Place de l’Etoile), que les rois empruntaient pour aller chasser en forêt de Saint Germain.

Après cet exposé sur l’histoire de l’Axe Historique de 1600 jusqu’au milieu du XXe siècle, le musée fait la part belle à tous les projets architecturaux qui ont été pensés pour le site de la Défense et à ceux qui ont été réalisés. A l’image du CNIT (Centre des Nouvelles Industries et Technologies), terminé dans les années 50, dont la réalisation a nécessité de véritables prouesses techniques (la voûte en résille de béton ne repose que sur trois points !). Et dont l’architecture, plus de 50 ans après,  est toujours moderne et esthétique.

D’autres projets sont mis en lumière. Comme cet aérotrain, imaginé dans les années 70, qui devait relier la Défense à la ville de Cergy et rouler à plus de 400 km/h. Le projet a été abandonné au profit de l’actuel RER (pauvres de nous !).

La visite se poursuit avec certaines propositions faites pour le concours international d’architecture lancé pour réaliser une œuvre monumentale à l’emplacement de l’actuelle Grande Arche. L’architecte de l’Atomium à Bruxelles et celui de la Grande Pyramide du Louvre se sont penchés sur ce Projet Tête Défense. Le but était de créer une fin de perspective à l’Axe Historique. Des projets assez fous ont été imaginés, comme cette immense tour-fusée qui devait s’élever à plus de 700 m, ou ces immeubles concaves qui devaient boucher la perspective avec leurs façades-miroirs reflétant la ville.

C’est finalement un des projets les plus simples qui a été retenu. Celui de la Grande Arche de la Fraternité, qui ne ferme pas totalement la perspective, laissant une ouverture à l’Axe Historique. Des photographies et des maquettes montrent sa réalisation à la fin des années 80. On apprend d’ailleurs que La Grande Arche est légèrement désaxée par rapport à la perspective. Ce, pour répondre à des contraintes techniques : les piliers prennent place au-dessus d’un entrelacs de chemins de fer, de routes et d’autoroutes. L’angle de 6.3° qui a été choisi correspond exactement au décalage du Louvre par rapport à l’Axe Historique et accroît finalement l’effet de profondeur, laissant deviner au loin le volume cubique de l’Arche .

Enfin, le musée montre le quartier de la Défense tel qu’il est aujourd’hui et tel qu’il sera demain. Avec ses grands buildings vitrés déjà présents et ses immenses tours qui viendront prendre place dans le quartier des affaires dans les cinq ans à venir.

Plein d’autres informations étonnantes et intéressantes (même pour des non-initiés à l’architecture) sont distillées tout au long de la visite. Avec cet éclairage, on peut arpenter la Défense avec un œil avisé et prêter plus attention à toute l’architecture environnante. Ainsi qu’aux œuvres d’art (sculptures, fresques, vitraux de César, Miro, Calder…) dispatchées sur tout le site, qui en font un beau musée à ciel ouvert. Il est plutôt agréable de s’y promener le dimanche, lorsque les bureaux sont fermés. L’atmosphère est calme et reposante. Un bon point de départ pour la balade initialement prévue, qui emprunte donc l’Axe Historique de Paris,  en sens inverse !




Réaménagement en 1996 du plan de l'Espace Histoire de 1994
Une nouvelle mise en scène a été réalisée avec Michel Hennuyer
Plus tard, le Musée s'est étendu à tout l'Espace Information.



 
 

La conception et la mise en œuvre ont été confiées
aux Ateliers Média - P. Demeyer par contrat en 1994